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Félicità 19

 

La veillée au candélou

cire, acier, leds

l.200 L.200 h.225 cm

wax, steel, led

Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, France

2019

"La veillée au candélou se présente comme un cube d’acier, à mesure d’homme, dont les parois sont recouvertes de trois cents kilos de cire. Incrustées de cent trente mèches, allumées et éteintes chaque jour, les quatre faces latérales de l’installation fondent tout au long de l’exposition à la manière d’un cierge monumental, jusqu’à la consumation de la matière première et au complet dévoilement d’une structure en fer sous-jacente, à pattern géométrique.

Entre le monument commémoratif, le sanctuaire magique et le temple religieux, l’œuvre apparaît de prime abord comme une architecture sacrée, figurant la fragilité de la vie terrestre et l’inéluctabilité de la mort.

En deuxième lecture, elle peut tout aussi bien être ramenée à sa dimension sensuelle et apparaître comme un corps en pleine métamorphose, dont la chair déchue laisse apparaître son squelette en exhalant une odeur de paraffine. Les restes magmatiques de cire, échoués aux pieds de la structure, témoignent alors d’une transformation de la matière qui confond ici la ruine et le cadavre. Articulant la veillée mortuaire à la durée de l’exposition, le recueillement à la contemplation esthétique, l’œuvre renvoient ces rapports de temps à une mêeme économie de l’attention dont Juliette Minchin organise savamment la dramaturgie.

La veillée au candélou emprunte son imaginaire à des traditions vernaculaires qui, du pays basque à la Roumanie, ont toutes en commun de célébrer le passage du temps au moyen de cire de deuil (appelée « candélou » dans les Landes). Représentation matérielle de la bascule entre la vie et la mort, elle accompagne le recueillement de celles et ceux qui restent pour conjurer leur peur de «l’après». Avec cette expérience immersive, Juliette Minchin réhabilite la capacité du cérémoniel à rassurer l’homme par l’activation de gestes répétitifs et de superstitions. L’obscurité d’ensemble, brisée par la seule luminosité des bougies, invite ainsi à un moment d’apaisement et à une circumambulation qui n’est pas sans rappeler la ronde des Musulmans autour de la Kaaba.

Forme archétypale du cycle et de l’infini, le cercle de la marche redouble la forme close de l’installation au sein d’une dialectique entre intérieur et extérieur qui excite le désir de voir du spectateur. Comme une incarnation de son for intérieur, la forme centrale dévoile progressivement une vacuité intime, un vide central qui ne met que mieux en lumière la présence irreprésentable de l’invisible, qu’il s’agisse de la divinité ou de la mort. Organisant symboliquement le passage vers l’au-delà, le motif labyrinthique, dévoilé et répété sur la structure en tôle, est inspiré d’un tatouage birman (le kolam) qui convoque lui la puissance magique du talisman. Au même titre que le mandala dans la tradition hindoue ou bouddhiste, il oppose l’impermanence de la vie à l’éternité du sacré et rappelle le fantasme d’immortalité à son impossibilité.

L’emploi d’un matériau organique, la cire, articule cette œuvre processuelle à la pratique rituelle des masques et des figurines funéraires autant qu’elle l’ancre dans une plasticité similaire à celle du vivant. La dégradation de la forme initiale fait ainsi apparaître peaux mortes, toiles d’araignée ou stalactites, soit autant de motifs spontanés, auto générés, qui renforcent sa dimension naturelle. Comme un corps en déliquescence, qui perd sa membrane, ses organes et découvre son squelette, la sculpture de cire s’effondre en changeant d’apparence, de couleur et de consistance, à la manière de la tablette décrite par Descartes, témoin incarné de l’impermanence du sensible dans la philosophie occidentale. En écho à la tradition de la vanité, dont Juliette Minchin questionne les significations contemporaines, l’œuvre met en œuvre une plasticité destructrice, une façon de sculpter ses formes par effacement, explosion ou dilution qui illustre combien la mort est profondément imbriquée dans la vie. A partir de la mise en scène de cette dualité fondamentale, l’artiste élabore une esthétique à double entrée, aussi fascinante que répulsive, qui suscite chez le spectateur autant d’empathie que d’inquiétude. A charge pour le spectateur de faire alors le deuil de la vie comme on veille les morts, et d’appréhender le cycle de l’existence sans jamais craindre sa fin."

Florian Gaité

La veillée au candélou takes the form of a man-sized steel cube, its walls lined with three hundred kilos of wax. Inlaid with one hundred and thirty wicks, lit and extinguished daily, the installation’s four sides melt throughout the exhibition like a candle. like a monumental candle, until the raw material is consumed and the underlying iron structure of the underlying geometrically patterned iron structure.

Somewhere between memorial, magical shrine and religious temple temple, the work appears at first glance as a sacred architecture, depicting the fragility of earthly life and the ineluctability of death.
On second reading, it can just as easily be reduced to its sensual dimension sensual dimension and appear as a body in full metamor- phosis, whose fallen flesh reveals its skeleton and skeleton, exhaling a paraffin-like odor. The magmatic magmatic remains of wax, washed up at the foot of the structure, bear witness to a transformation of matter that confuses ruin and corpse. and the corpse. Linking the wake to the duration of the exhibition, the duration of the exhibition, contemplation and aesthetics. Juliette Minchin skilfully organizes the dramaturgy.

The candelou wake draws on vernacular traditions from the Basque country to Romania, all celebrating the passage of time with mourning wax (called «candélou» in the Landes region). A material representa- tion of the tipping point between life and death, it accompanies the mourning of those who remain to ward off their fear of the «after».With this immersive experience, Juliette Minchin rehabilitates the capacity of ceremonial to reassure mankind through the activation of repetitive gestures and superstitions. The overall darkness, broken only by the luminosity of the candles, invites a moment of soothing and a circu- mambulation reminiscent of the Muslim round around the Kaaba. An archetypal form of the cycle and infinity, the circle of the walk doubles the closed form of the installation, within a dialectic between inside and outside that excites the viewer’s desire to see. Like an embo- diment of his inner self, the central form gradually reveals an intimate emptiness, a central void that only serves to highlight the unrepresen- table presence of the invisible, be it divinity or death.

Symbolically organizing the passage to the beyond, the labyrinthine motif, revealed and repeated on the sheet metal structure, is inspired by a Burmese tattoo (the kolam), which in turn summons the magical power of the talisman. Like the mandala in the Hindu or Buddhist tradition it contrasts the impermanence of life with the eternity of the sacred, and reminds us of the impossibility of immortality.

The use of an organic material, wax, links this processual work processual work to the ritual practice of masks and funerary figurines as much as it anchors it in a plasticity similar to that of the living.The degradation of the initial form gives rise to dead skin, spider webs and stalactites, all spontaneous, self-generated motifs that reinforce its natural dimension. Like a body in decay, shedding its membrane, organs and discovers its skeleton, the wax sculpture collapses collapses, changing appearance, color and consistency, like the tablet like the tablet described by Descartes, an embodied witness of the impermanence of the sensible in Western philosophy.

Echoing the tradition of the vanitas, whose contemporary meanings Juliette Minchin questions, the work employs a destructive plasticity. The work implements a destructive plasticity, a way of sculpting forms through erasure, explosion or dilution that illustrates how deeply death is interwoven with life. By staging this fundamental duality, the artist creates a double-entry aesthetic that is as fascinating as it is repulsive, arousing both empathy and disquiet in the viewer. It’s up to the It’s up to the viewer to mourn life as one mourns the dead, and to apprehend the cycle of existence without ever fearing its end."

Florian Gaité

© Courtesy of the artist

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